samedi 22 décembre 2007

C'est mon anniversaire...

et pas celui de ta mère.

J'pars à Venise (le, LE cadeau de l'Amoureux).

J'vous embrasse.

lundi 17 décembre 2007

I'm Not There

Ses yeux brillent. Tu connais bien ça, toi, la douleur de l'autre, le cortège frissonnant des ombres, le regard perdu, la liasse de débris en éventail dans chaque main, à agiter, meurtrie, désespérée.
Peu de mise-en-scène, on se suffit à soi-même.
Ce que je sais et que tu ignores, ça n'est rien, sinon les étoiles, sinon la guerre, sinon la paix.
La lutte est toujours secrète, elle est toujours intérieure, elle se nourrit de nos ambivalences, nous sommes le grand monstre assoiffé de sang et de miel.
Qui peut laisser couler l'or sans y tremper un doigt pour en sentir la consistance, qui peut se désintéresser de lui-même au point qu'ensuite il ne porte pas ce même doigt à la bouche?
Alors, ça y est, les larmes coulent.
Elle est là, l'émotion, la tangente, le réveil brutal et incertain.
Mais cela fait partie d'un tout, et toi et moi, nous le savons, nous la connaissons, la longue mélopée déchirante, les accents toniques, les sanglots à contre-temps.
Permets-moi d'écourter un tant soit peu, il y a des refrains qui m'écœurent, qui pèsent sur ma poitrine, comme une masse visqueuse, un monolithe connu et reconnu (qui fait la sourde oreille).
Alors voilà que tu n'as rien à dire, que tu te tais, que tu te laisses ignorer, toi et ta prétention, toi et ton orgueil, ta solitude qui se voudrait plus ajustée, cousue-main, ciselée : une solitude infiniment baroque.
Et tu me regardes, voilà, regarde-moi, avec ces beaux yeux brillants que je t'envie, dans cette glace qui ne me réfléchit pas mais qui m'annule, qui ne m'engage plus à rien sinon à être toi.

Qu'est ce que ça vaut d'être fasciné par son propre reflet ?

L'assurance que je est un autre.

samedi 15 décembre 2007

Avec un peu de cynisme...

... On peut tout faire.

vendredi 14 décembre 2007

Subway

Pour reprendre Coelho, il y a quelque chose en moi qui conspire à la chute.

Dans 20 ans, je serai une femme aux cheveux blonds peroxydés, qui ignorant qu'elle n'a plus les seins de sa jeunesse, portera sans soutien-gorge des tops atrocement moulants, aux couleurs criardes, des jeans taille basse laissant déborder la graisse, comme une rivière de lave.

J'aurai tout essayé des anti-dépresseurs à la cocaïne. Je serai amère.

Je penserai à ce jour où lisant par dessus l'épaule d'un homme dans le métro, j'ai eu l'assurance de ce destin morbide.

Etalant plusieurs feuillets sur ses genoux, il s'attache à faire ses devoirs.

Marine a 12 ans, elle a des difficultés à l'école en mathématiques, mais est une élève sérieuse, elle aime s'habiller avec soin. Son père est docteur et sa mère est employée dans une agence de publicité. Elle aime monter à cheval.

Françoise a 54 ans, elle est professeur de technologie, elle vient d'avoir un rdv avec un cancérologue. Elle fait en sorte d'être toujours à la pointe de la mode. Son unique fille se marie dans trois jours... Mais son mari est malade.

Jean-Paul a 21 ans, il connaît la galère en étant guitariste dans un groupe de rock français. Il est au chômage. Il aime l'espagnol et la littérature.

Imaginez la personne qu'ils seront dans 20 ans. Je m'y essaie.

Marine a 22 ans, elle s'amuse à déchiffrer les méandres que produit la fumée de sa cigarette. La musique festive qui s'écoule de l'appartement d'à côté n'a qu'une incidence vague sur elle. Elle a froid surtout. Elle pleure surtout. La vie n'est pas aussi bien réglée qu'un corps. Elle veut enfouir sa tête dans l'oreiller et arrêter de respirer. S'endormant sans écraser sa cigarette, elle brûle vive avant que les pompiers soient arrivés.

Françoise a aujourd'hui 74 ans, elle a renvoyé son cancer d'où il venait, aux confins du hasard et des approximations génétiques. Sa fille a deux charmants enfants dont elle s'occupe beaucoup. Ils lui font vivre une deuxième jeunesse, surtout l'aînée qui a 15 ans, elle retrouve en elle ses émois d'antan, en illuminations chétives, et en remercie Dieu dans un soupir émerveillé.

Jean-Paul a 41 ans, il a pris autant de poids que d'années, de ce post-adolescent à l'allure grâcieuse, il ne reste rien. D'ailleurs, les personnes de son entourage ignorent qu'il y a quelques années en arrière, on le surnommait encore Rimbaud. Si on leur disait, elles exploseraient sûrement de rire. On voit en lui avant tout un homme fat, un homme qui a réussi. Vins capiteux et belles filles. Il siège à la Star Académie 274.

Il y a un autre exercice.

Aujourd'hui, je vis dans une grande ville, je travaille seulement 15h par semaine, quand je rentre chez moi, je mange des plats surgelés. Par ma fenêtre, je vois des tours. Mon appartement est moderne. Je ne mets pas le chauffage parce que je n'ai pas assez d'argent pour le payer. Alors j'ai froid.

Continuez la phrase selon vos envies, en employant cependant des verbes au futur simple.

Demain, je vivrai en Provence...

Je ne peux pas me défendre de l'idée qu'il n'y a rien de plus cynique de la part du quelconque organisme social qui est derrière tout cela que d'obliger ses brebis égarées à faire fonctionner la machine à fantasmes, de les obliger à rêver alors qu'il n'a rien à leur offrir si ce n'est la preuve de leur vide existentiel.

Et l'homme me faisant écho écrit :

Demain je vivrai en Provence, je serai riche, je n'aurai pas besoin de travailler, j'aurai une tour HLM pour moi tout seul, j'aurai chaud, je serai mort.

mardi 11 décembre 2007

..

Il faudrait décrire le ciel, la façon dont les nuages s'accumulent, laissant un trait bleu pâle d'une finesse angélique, de ces horizons éthérés, innocents.

Ce serait plus simple de prendre une photographie, n'est-ce pas?
Pourtant, elle ne croit pas que l'appareil puisse capter la beauté, ou peut-être que si, mais pour la figer, pour en immobiliser le mouvement, sans retranscrire ce que cet instant, ce paysage a à offrir.

Elle se dit qu'elle-même est un peu comme un cliché, glacée et brillante.

Il faut fermer les yeux, et imaginer le reflux de la mer quand on pense à elle, les marées, la lune, de ces choses viscérales, autant d'obsessions que de défiances.

C'est ainsi qu'on la connaîtrait vraiment...

Sur les négatifs des photographies que j'ai fini par prendre d'elle, entre deux soupirs, deux sourires, deux larmes, on voit apparaître la brûlure de son regard, et l'incandescence de son âme...

samedi 1 décembre 2007

Baby On The Plane

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Lisa Germano - Baby On The Plane

Je gravissais péniblement le chemin de terre tandis que lui, plus haut déjà, cueillait ça et là les odeurs de bois mouillé, d'herbe fraîche, de champignons - toute la panoplie automnale de senteurs, qui m'était tristement interdite par l'étroitesse de mon souffle.

Ca sonnait comme une bonne idée, cette escapade champêtre. Je voyais à ses yeux, quand il se retournait quelques fois pour me sourire - et se moquer un peu de moi, qu'il allait indolemment puiser dans quelques souvenirs d'enfance rieurs et limpides.

La nostalgie est courte souvent, elle trouve vite son point d'ancrage, pour peu que l'on sache le deviner, et c'est là que l'on aperçoit ce nœud, le nœud d'émerveillement, et bien que l'on dise vouloir le délier pour comprendre, on le contemple comme un beau mystère, sans même oser tirer sur un de ses fils, de peur qu'il n'en reste rien.

Arrivés en haut de la côte, décelant que ma respiration se faisait plus régulière, il reprit la conversation restée en suspens quelques mètres plus bas.
- De toute façon, lui, il a toujours souffert d'un certain manque de sensibilité.
- C'est ironique ce que tu dis là.
- Quoi?
- Ben, le fait de se retrouver en proie à la douleur parce qu'on ne serait pas assez sensible, pas assez réceptif...
Il eut l'air de réfléchir quelques temps.
- Tu es très touchante, tu sais.
- Non, je suis différente, ça n'est pas exactement la même chose. Et tu verras, on s'en lasse vite.
- Franchement, qu'est ce que tu peux être prétentieuse des fois...
- Ah, tu vois?

Il prit ma main et en grandes enjambées quitta le chemin pour s'enfoncer dans les bois. Avec infiniment de douceur, il m'allongea sur un lit de feuilles mortes et m'administra quelques baisers enflammés, pour entrer ensuite en moi en un bref et vif mouvement. Je le laissais faire pendant quelques temps, puis l'obligeais à se retourner, grimpant sur lui, non pas pour, comme on peut lire ça et là maintenant grâce à la libération sexuelle des femmes, me procurer un orgasme, mais parce que je commençais à avoir sérieusement froid aux fesses. Cela parut lui plaire et l'affaire fut, dès lors, rondement menée.

Nous nous relevâmes sans grandes pompes, sur son visage flottait cet air léger, émoussé, que j'adore et qu'il a toujours après que nous ayons fait l'amour.

Nous rentrâmes ensuite, un peu silencieux, riant de temps à autres des tâches de lumière qui apparaissaient sur le sol, du chant des oiseaux.
La nuit tombait doucement.

Quelques amis étaient venus nous rejoindre dans cette maison que me prêtait mon père quand il n'était pas là.
Jouant des coûteaux et des fourchettes autour de cette raclette gargantuesque, le vin rouge progressait lentement sur les visages, animant nos joues d'un rose éclatant et nos bouches de paroles légères, parfois sarcastiques, de fous rires et autres gourmandises de nos belles amitiés.

Je restais un moment devant la cheminée où brûlait tranquillement un feu de bois tandis que tout le monde était allé se coucher.

J'allais plus tard m'étendre à ses côtés, il se retourna en grognant un peu et passa son bras autour de moi.

Je soupirai, les larmes aux yeux, il ne se passerait donc jamais rien?

Cette nuit-là, je fis un rêve étrange. Je me retrouvais à bord d'une espèce de vaisseau spatial. Je me voyais moi, face à la baie vitrée, regarder l'immensité de l'univers, et ensuite, réintégrais mon corps pour admirer le vide où s'étalait, immense, une forme scintillante, incroyablement belle, à la fois immatérielle et compacte, qui s'étirait pourtant d'un jaune dorée, puis brun, jusqu'à se perdre dans un bleu veloûté tirant sur le violet.
Et c'est ainsi que l'évidence m'empoignait. Voilà tout ce qu'il restait du monde, de la Terre : une ecchymose fânée.

Etait-il de bon goût de se demander contre qui le coup avait-il été porté?