vendredi 25 avril 2008

Chers cousins, cousines, je déménage...

Pas de blog, non.

Mieux encore : de chez moi pour chez nous (c'est pas trop love, ça?)

Je vous prie de croire à ma considération distinguée blablabla mais je vais souffrir pendant un petit moment d'un désaccès au net (quitte à en n'être plus une de ses désaxées, ahahahah qu'est ce qu'on se marre).

J'aurai l'occasion de lire mes mails toujours, mais pas de venir ici, ni de vous lire, puisque le méchant proxy de mon travail ben il dit que le contenu de tous les blogs, il est dangereux pour la race humaine toute entière...

Ooooh l'Education Nationale resserre la vis moi je vous le dis Madame c'est un fait.

(résistons à la tentation d'un jeu de mot épin(al)eux, sur les vices tout ça)

Ne vous inquiétez pas, je continuerai à être en panne sèche d'inspiration comme ces derniers mois donc au fond vous ne raterez rien si ce n'est mon amour profond et bienveillant à tous égards et pour vous, mes petits.

Je vous quitte donc la larme à l'oeil et la clope au bec, mais je reviendrai plus forte que jamais ET avec une scoliose.

Parce qu'à trop soulever des cartons, on se fait un dos de sax baryton.

Vogue donc galère et que Dieu vous bénisse.

mardi 22 avril 2008

Meet your Maker

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J'avais mes écouteurs sur les oreilles et le type-là à côté de moi, c'était comme s'il s'était mis à chantonner ce que j'écoutais. Sans le savoir, et en se mettant pourtant dans une volonté confuse à mon diapason, après avoir lorsque je m'étais assise à ses côtés retiré un pan de sa veste d'un geste méprisant.

J'ai pensé que si l'on me pinçait, là de suite, je serai comme une corde tendue, et je produirais exactement la bonne note, le bon son au bon moment, l'accord autour duquel s'articulerait un passé révélé, un futur éventé.
Quelque bon cliché littéraire qui vaille pour dire qu'en une seule seconde, tout a changé, jusqu'à ce qui pourtant ne le pouvait pas.



Alors est-ce cela mon amour le désir unique de ta silhouette qui se découpe, une enveloppe en ombre chinoise, un espace où seule, même ton absence m'éclaire?



mardi 8 avril 2008

Lettre à contre-courant

Je t'écris. Je ne sais pas si tu le sais : j'ai quelques prétentions de ce côté-là, prétentions qui font que maintenant que je prends la plume pour toi, j'aimerais dépouiller les mots de ce que je suis capable de faire, de ces images que je sais faire naître, si prescientes.
J'ai le lyrisme que je porte comme un sac en bandoulière, qui m'aide à considérer le monde d'une certaine façon. Le sac malgré l'image, je ne le porte pas sur mon flanc, mais en moi.

Je ne t'écris pas pour te remercier de l'argent que tu m'as donnée (Je te remercie quand même, la vie va m'être plus douce quelque temps, et ça, c'est précieux, et grâce à toi). J'y pensais depuis longtemps, à t'écrire, et puis, je n'ai jamais osé. Sauter une génération, ce n'est pas si facile. Mais je rêve tellement d'une transmission, de ce récit familial que l'on m'a refusée jusqu'ici qu'au fond, je n'ai pas le choix.

Je dois essayer, au moins.

Je comprendrai si tu refusais de me faire le récit de ta vie... Ce n'est pas non plus aisé. Que choisir... Déjà à mon âge, je me demande souvent entre les rêves que je fais dans mon sommeil et ce que je vis, ce qui mérite la peine d'être écrit, quelle trace laisser...

Mes parents se sont beaucoup protégés, je crois, en omettant de me raconter certaines choses. Ils pensaient sûrement me protéger moi, mais je ne pense pas que ça ait vraiment marché.
Je suis maintenant en attente de vérités (aussi relatives soient-elles), non pas pour définir la personne que je suis, mais pour mieux nous comprendre.

J'ai toujours cru que je pourrais trouver un interlocuteur en toi, et j'ai toujours été frustrée que cela ne soit pas le cas, et un peu déçue aussi. Alors, j'ai envie de forcer le destin, sûrement parce que le temps presse...

Mon autre grand-père est décédé comme tu le sais, cette mort ne m'a pas tant pas atteint affectivement, si ce n'est par rapport à mon père. Mais, il y a quelque chose comme une conscience accrue de ma propre mortalité. J'en ai récolté assez de preuves jusqu'ici en fait...

Je l'écris en souriant, parce que je crois que ce n'est pas si faux que ça... Tellement de gens vivent comme s'ils n'allaient pas mourir. Je n'ai pas très envie de faire comme eux.
C'est sûrement un peu naïf, dit comme ça.

En tout cas, je ne voudrais pas laisser passer cette chance de correspondre avec toi tant que nous sommes tous les deux ici.

Me voilà, sur le chemin qui va à ta rencontre. Je la désire plus que tout, si tu savais...

En réfléchissant à tout ça ces derniers jours, un souvenir de quand j'étais très petite m'est revenue.
Je pense que j'avais moins de 3 ans, parce que Thomas n'est là nulle part, et encore moins Pierre. Peut-être est-ce même le premier souvenir le plus clair, le plus lucide que j'ai.

Nous étions dans votre appartement à Lyon, c'était Noël. Ma mère et Mamie m'avait habillée et coiffée, j'avais deux tresses de chaque côté du visage qui se refermaient comme une couronne sur ma tête... Je me regardais dans la glace, une jolie petite fille, et des instants iréels de bonheur, tellement qu'aujourd'hui, quand j'y repense, c'est une petite fée que je vois.

Tu te souviens que j'étais fascinée par votre lampe dans le salon, celle dont on pouvait réguler la lumière avec un bouton ? Moi, je m'en souviens tellement bien que je peux encore visualiser le boitier et la sensation sous mes doigts quand je jouais avec. Evidemment, à l'époque, je ne savais pas à quel point l'ampoule halogène était fragile - et chère aussi. Toujours est-il que je ne pouvais pas m'empêcher d'y revenir à cette lampe, à ce bouton. J'essayai de la baisser au maximum, je voulais comprendre à quel moment la lumière n'était plus, à quel moment on passait du jour (même artificiel) à la nuit. Il y avait toujours quelque chose de brusque dans la façon dont l'absence de lumière s'imposait, j'ai dû essayer des dizaines de fois, il n'y avait rien à faire...

Et puis ce soir-là, déjà magique par les cadeaux que promettaient le lendemain, ce soir-là, il a neigé. La neige, ce n'était pas original, je ne crois pas que c'était la première fois que je la voyais. C'était autre chose sa présence, c'était ma première rencontre avec la beauté, la beauté douloureuse, éphémère. Je ne sais pas si je suis restée longtemps à regarder, à travers les portes-fenêtres, le contraste du noir d'encre de la nuit et la blancheur des flocons... Je crois que pour la première fois, je découvrais le relief incroyable de la vie, et son mystère aussi...

C'est sûrement cet instant que je poursuis toujours sous ma plume, que je cherche toujours à revivre... Et à transcrire.

Au nom de cet instant, je voudrais que ce que je connais de toi ne disparaisse pas tel que c'est aujourd'hui, je voudrais que les souvenirs que j'ai de toi acquièrent eux aussi le relief et le mystère de cette nuit-là.

Au fond, je n'ai pas grand chose de plus à dire, c'est entre tes mains maintenant... Et je respecterai ce que tu décideras, quoiqu'il en soit.

Je t'embrasse fort,

Emilienne



(manque plus qu'à la poster...)