jeudi 15 mai 2008

Ne te découvre pas d'un fil

Je vis ailleurs. Je laisse la fenêtre ouverte quand je m'en vais. Et le chemin que je parcours jusqu'au centre s'allonge sous le soleil comme une ombre qui grandit, exponentielle. Il y a d'abord rien, puis les gens, des gens comme moi, qui marchent. Je les reconnais tous. Ceux qui peuplent les bars aux premiers rayons lumineux, ceux qui dans un périmètre serré fument leurs cigarettes, l'espace aux grands airs qu'on leur a réservé. Je me surprends à faire un peu de géométrie, moi qui aie toujours été nulle en maths. Un globe, un néant. L'un de ces 428 langages que je ne sais pas parler au sein de ma propre langue. Je forme des demi-cercles avec ceux qui sont très occupés. Je n'ai pas le courage de les affronter. Laissons les chiens aboyer. Garder un lieu qui n'existe pas.

J'ai l'esprit affuté comme l'angoisse qui revient me visiter : je vis des temps cléments.
Des mots qui se bousculent et meurent je-ne-sais-où. Je continue, je sais où je dois aller, à défaut de savoir où en finir.

Je vois grandir un refus net et sans bavures, mieux qu'une amputation, une coupure providentielle. Fin des programmes, grisaille cathodique. Une image exclusive, la mienne ou une autre, l'annulation des restes en bonne et due forme.

Un non sans mais, fais ce qu'il te plaît. Et un joli moi de mai.



2 commentaires:

Anonyme a dit…

joli texte. evocateur d'images.
je te decouvre avec plaisir.

émi a dit…

Lony > hé bien merci beaucoup!