lundi 7 juillet 2008

Parce que c'était Garett, parce que c'était Elbertina

Ah! Ce n'est pas la première fois que cela lui arrive.
Mais là c'est particulièrement intense, Elbertina DOIT se taire : nonononononononon, elle n'est pas amoureuse, jamais de la vie. C'est pas son genre. Elle peut dire comme L.F. Céline :"L'amour, c'est l'absolu mis à la portée des caniches", ça la fait même pas rigolée, juré, craché, croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer!
Sauf que la pauvre Elbertina, en enfer, elle y est déjà.
Parce que farouchement, elle aime Garett. Elle arrive des fois à faire juste assez semblant pour croire elle-même que c'est pas le cas (enfin presque...)
En plus, Garett - même s'il jurera devant tous les dieux le contraire - il aime bien qu'on lui mente et s'il ne se retenait pas, il dirait : " Oooh Elbertina mens-moi, oh oui plus fort, encore" mais non il peut pas faire des trucs comme ça, c'est dégoûtant, mais enfin, voyons.

Alors elle, tu vois, elle racle le parquet avec ses dents, l'amour est comme une gargouille qu'elle aurait avalé, et putain ça pèse une tonne.
Elle dit sans rien dire, la pauvre, et c'est épuisant, elle qui est à plus à l'aise dans de gros sabots plutôt que juchée sur des talons aiguilles.

Garett est un habitué des messages sibyllins, et il la submerge de textos toute la journée (si ça c'est pas de l'amour, c'est de la rage, se dit Elbertina, ou peut-être bien les deux!), ces textos semblent tous annoncer le Grand Schelem du Mal, l'Apocalypse, Armageddon, la fonte accélérée des glaciers, ou tout ça en même temps. Non en fait, Garett souffre ou est en joie, ce qui ne mérite rien de plus qu'une consécration universelle.
Elle répond en tremblant, de peur qu'il ne lise entre les caractères l'amour qu'elle ressent pour lui. L'omniscience de Garett n'a jamais été remise en question, après tout.

Et puis, il n'y voit que du feu! Du feu, ah! S'il le voyait ce feu qui la consume, ah!

Parce qu'Elbertina est comme ça, elle fait des blagues comme ça, vachement drôles, et qui la font rire qu'à elle.
Quelle force de la nature!

Des fois, Elbertina et Garett se retrouvent dans la même pièce. Et même dans le même lit.
C'est le cas, ce soir.
Elle l'écoute parler de gens dont elle se contrefout complètement, elle se dit qu'elle préfère les messages auxquels elle ne comprend pas grand chose.
Garett est un poète, ça excuse tout (même si Elbertina pense secrètement qu'elle est bien meilleure que lui. Elle ne le dit pas, il pourrait se sentir castré/ decidé de ne plus manger que du riz en signe de protestation / cessé la seule activité à peu près intéressante de sa vie)
Garett est un poète, mais il a peur des femmes.
Tandis qu'Elbertina rêve aux poèmes d'Eluard, Garett lui raconte son désir de ne plus jamais avoir de rapports sexuels de sa vie. Le sexe, c'est sale et ça ne sert à rien (Elbertina penserait " comme ta poésie, ducon" si elle s'en laissait le loisir)
"Le sexe, ça n'a pas de sens, c'est un frottement pervers puisqu' absurde, une erreur de la nature, je veux être un pur esprit, dépasser les contingences du corps, je veux être libre!"

Quelques heures plus tard, Elbertina, les yeux grand ouverts, écoute Garett respirer. La gargouille se fait un peu moins digeste. Sa main parcoure une distance qui lui parait infinie, et puis l'air de rien, les mains se rejoignent, les caresses s'échangent, se délient...
Mais alors, comme il faut faire comme si l'on ne faisait rien PAS VU : PAS PRIS, c'est méga ennuyeux de la mort de l'art.
Elbertina se demande donc ce qu'elle fiche là... Et puis elle se souvient : l'amour! Elle finit donc par se confier à Garett, dans un accès désespéré d'espoir hystérique : "tu sais Garett je crois que j'ai des sentiments pour toi, je crois que je t'aime Garett, vraiment! JE T'AIME, BORDEL, TU COMPRENDS ?"
Alors Garett lui dit, furieux :
"QUOI? Mais je croyais que tout allait bien entre nous! Que tu étais avec moi pour ce que j'étais! Je suis DECU, terriblement DECU. Tu me trahis, Elbertina, tu fais de moi un homme et maintenant, tu jettes tout ça à la poubelle, tes sentiments sont rien, Elbertina, c'est RIDICULE. Je ne veux pas m'abaisser à ça, je ne peux plus te voir, PUISQUE TU M'AIMES, TOUT EST FINI ENTRE NOUS!"


Deux jours plus tard, Elbertina reçoit un sms de Garett: "oh le chant des oiseaux remplit mon coeur d'une douleur paradoxale mais néanmoins insouciante et éthérée, j'avance seul dans un paysage de tourmente idolatrée par la musique des anges déchus de la nostalgie, ignoré par les autres, ces ignorants infatués de leur propre gargarisation; c'est mon destin"

Et c'est reparti pour un tour, se dit-elle en soupirant.


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***Ceci est un message de l'amicale des bloggueuses en Poitou Charentes militant pour.***

Merci à Sygne et à Abs de m'avoir encouragée à écrire un truc pareil , hahhaha, et non merci au Bob qui m'a permis de le faire, re hahahaha


samedi 5 juillet 2008

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Ecrire sur la confusion, voilà ce que m'avait conseillée un type la quarantaine il y a quelques années en arrière. Je lui avouais cette impossibilité. Il me disait "matériau", il me disait "courage".

Il me disait "originalité".

Il avait de la bouteille, je pensais, alors je ne disais (plus) rien. Je me débattais, pauvre moustique avec l'idée d'une lumière si brillante qu'elle avait tout de la mort, par l'effacement des sens.

Pourtant s'il y avait de quoi débattre, j'étais une artiste. Mais l'incertitude et le doute, et le ridicule, réclamer cette place, se la donner, s'y conforter. Quelque chose qui ne sonnait pas bien, qui ne faisait pas sens, qui n'avait pas de chair.

Et pourtant, il fallait naître en tant que tel, pour croire avoir sa partition à jouer, floue et inaudible. Une chanson non identifiable, un air dont on ne possède que les premières notes et qui tournent en boucle sans jamais trouver sa suite. Royale, d'ailleurs, la suite, si l'on en croyait les fantasmes qui la constituaient.

Il fallait lire et s'émerveiller, il fallait savoir regarder, et chaque instant avait sa poésie, et son mensonge.

Il aurait fallu aussi pouvoir baiser, pour l'éveil des sens, et pour la qualité intellectuelle.

Et puis il y a eu des déflagrations lancées ça et là, ces virtuelles, celles qui voudraient bien remplacer les réelles, de sacrées mines anti-personnelles, sans aucun ennemi en vue.

Il y a eu ce putain de moi romantique qui collait (colle encore) aux baskets - que je ne porte pas - comme un vieux chewing gum, la souffrance pour se (s'é (pou))vanter quand il faisait trop chaud.

Que de remarquables moments, vraiment.

Et puis, il y a eu la parole qui émergeait, une voix qui ne souciait plus de jouer un air certain.
Ca a donné un certain air d'audace, un sifflotement gracieux, toujours fragile.

Et puis,


et puis quoi,

il ne s'est rien passé ou presque.

Sinon l'amour que l'on se fait.

Et depuis je n'écris plus ou presque.

Chaque jour, je deviens un peu plus mortelle.

Et, ce serait mentir si je disais que je n'aime pas ça.