vendredi 13 juin 2008

Pregnant




Voilà c'est ici, c'est l'endroit rêvé, celui qui transformé par la confusion devient un refuge. Un lieu sans charnières : sans ornières.

J'en ai rêvé longtemps sans savoir qu'il faisait déjà partie de moi.
C'est ma maison, celle que je n'ai jamais habité. Et celle que je n'ai jamais quitté non plus.

On a tous lu ça et là des histoires de greniers, de lettres d'amour précieusement sauvegardés (et pour qui au fond?), sautant une ou deux générations, on retrouve les émotions intactes, le chemin du temps, une irréalité si prégnante que l'odeur du papier vieilli nous évoque la vie d'une époque où celui-ci n'avait pas vraiment d'odeur...

Ici, ce sont les murs qui deviennent un roman. La baignoire qui a une centaine d'années, et qui n'a plus été rempli depuis des dizaines d'années. Le sol qui craque, les cartons remplis de vieux disques, de vieux livres, de vieux riens.

L'immense hauteur de plafond. Et la fenêtre qui courent du sol jusqu'au ciel défini par le toit. La saleté partout, la capitalisation de la poussière.

Un monde infiniment habité, et aussi vide qu'il doit l'être.

J'ai souvent fermé les yeux, laissant vivre ce désir que je ne comprenais pas.

C'est un rêve qui m'a rappelée que ce faux grenier, ce deuxième étage inhabité de ma maison d'enfance, de la maison est devenue bien plus que cela depuis que je l'ai quittée, mon innocence perdue, un talisman égaré.

C'est mon ventre qui abrite maintenant ce foyer. Et assise par terre, réchauffée par la lumière, par les craquements silencieux du bois, de sa vie mystérieuse, je porte l'enfant que je suis.

Cette enfant qui reste à naître.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Joli songe délié d’un ventre pour mémoire et pour empreinte. L’enfance aux interstices des innocences dont la jachère se clos par la naissance nouvelle, celle qui renouvelle.

émi a dit…

B. : désolée pour cette réponse tardive, mais merci pour ces bien jolis mots, ici ou chez toi, et évidemment bienvenue.