samedi 1 décembre 2007

Baby On The Plane

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Lisa Germano - Baby On The Plane

Je gravissais péniblement le chemin de terre tandis que lui, plus haut déjà, cueillait ça et là les odeurs de bois mouillé, d'herbe fraîche, de champignons - toute la panoplie automnale de senteurs, qui m'était tristement interdite par l'étroitesse de mon souffle.

Ca sonnait comme une bonne idée, cette escapade champêtre. Je voyais à ses yeux, quand il se retournait quelques fois pour me sourire - et se moquer un peu de moi, qu'il allait indolemment puiser dans quelques souvenirs d'enfance rieurs et limpides.

La nostalgie est courte souvent, elle trouve vite son point d'ancrage, pour peu que l'on sache le deviner, et c'est là que l'on aperçoit ce nœud, le nœud d'émerveillement, et bien que l'on dise vouloir le délier pour comprendre, on le contemple comme un beau mystère, sans même oser tirer sur un de ses fils, de peur qu'il n'en reste rien.

Arrivés en haut de la côte, décelant que ma respiration se faisait plus régulière, il reprit la conversation restée en suspens quelques mètres plus bas.
- De toute façon, lui, il a toujours souffert d'un certain manque de sensibilité.
- C'est ironique ce que tu dis là.
- Quoi?
- Ben, le fait de se retrouver en proie à la douleur parce qu'on ne serait pas assez sensible, pas assez réceptif...
Il eut l'air de réfléchir quelques temps.
- Tu es très touchante, tu sais.
- Non, je suis différente, ça n'est pas exactement la même chose. Et tu verras, on s'en lasse vite.
- Franchement, qu'est ce que tu peux être prétentieuse des fois...
- Ah, tu vois?

Il prit ma main et en grandes enjambées quitta le chemin pour s'enfoncer dans les bois. Avec infiniment de douceur, il m'allongea sur un lit de feuilles mortes et m'administra quelques baisers enflammés, pour entrer ensuite en moi en un bref et vif mouvement. Je le laissais faire pendant quelques temps, puis l'obligeais à se retourner, grimpant sur lui, non pas pour, comme on peut lire ça et là maintenant grâce à la libération sexuelle des femmes, me procurer un orgasme, mais parce que je commençais à avoir sérieusement froid aux fesses. Cela parut lui plaire et l'affaire fut, dès lors, rondement menée.

Nous nous relevâmes sans grandes pompes, sur son visage flottait cet air léger, émoussé, que j'adore et qu'il a toujours après que nous ayons fait l'amour.

Nous rentrâmes ensuite, un peu silencieux, riant de temps à autres des tâches de lumière qui apparaissaient sur le sol, du chant des oiseaux.
La nuit tombait doucement.

Quelques amis étaient venus nous rejoindre dans cette maison que me prêtait mon père quand il n'était pas là.
Jouant des coûteaux et des fourchettes autour de cette raclette gargantuesque, le vin rouge progressait lentement sur les visages, animant nos joues d'un rose éclatant et nos bouches de paroles légères, parfois sarcastiques, de fous rires et autres gourmandises de nos belles amitiés.

Je restais un moment devant la cheminée où brûlait tranquillement un feu de bois tandis que tout le monde était allé se coucher.

J'allais plus tard m'étendre à ses côtés, il se retourna en grognant un peu et passa son bras autour de moi.

Je soupirai, les larmes aux yeux, il ne se passerait donc jamais rien?

Cette nuit-là, je fis un rêve étrange. Je me retrouvais à bord d'une espèce de vaisseau spatial. Je me voyais moi, face à la baie vitrée, regarder l'immensité de l'univers, et ensuite, réintégrais mon corps pour admirer le vide où s'étalait, immense, une forme scintillante, incroyablement belle, à la fois immatérielle et compacte, qui s'étirait pourtant d'un jaune dorée, puis brun, jusqu'à se perdre dans un bleu veloûté tirant sur le violet.
Et c'est ainsi que l'évidence m'empoignait. Voilà tout ce qu'il restait du monde, de la Terre : une ecchymose fânée.

Etait-il de bon goût de se demander contre qui le coup avait-il été porté?

9 commentaires:

Anonyme a dit…

oui. Mais il ne le serait pas d'attendre une réponse... ;)

Bip bip et coyote corporation a dit…

Pourquoi ne pas repondre a une question par une autre?

Anonyme a dit…

Reste évasive, chacun peut ainsi s'approprier sa réponse de cette unité multiple:)

émi a dit…

Lily > ah ça... ;)

Bip Bip > Pffff trop facile :p

Isa > j'm'ferai un plaisir de ne pas donner toutes les clés d'autant que j'suis oas Passe-Partout, et que certaines clés me manquent à moi, aussi. :))

pititisa a dit…

Oui dis pourquoi personne peut répondre à toutes nos questions?
Aprés tout on a une prise de conscience de ce qui nous arrive alors que beaucoup s'en fichent ou pire ne s'en rendent même pas compte... Rien que pour ça on dvrait avoir le droit que quelqu'un nous réponde... Je comprends mieux d'un coup le créateur de ce "pauvre caliméro":)

Anonyme a dit…

Ahem...Commence à avoir re-faim de mots...

Anonyme a dit…

froid au fesses...
ya moyen aussi de générer un froid au fesses dans un lit ?

émi a dit…

Lily > j'espère que ça te nourrirra correctement :)

MTJ > tu peux essayer le pain de glace dans le pieu, et même si elle s'en rend compte, ça peut être un message assez clair ;)

émi a dit…

Isa > t'sais bien que ça serait trop facile si on avait toutes les réponses, on s'ennuierait un peu, quoi. J'te bisoute !