lundi 17 décembre 2007

I'm Not There

Ses yeux brillent. Tu connais bien ça, toi, la douleur de l'autre, le cortège frissonnant des ombres, le regard perdu, la liasse de débris en éventail dans chaque main, à agiter, meurtrie, désespérée.
Peu de mise-en-scène, on se suffit à soi-même.
Ce que je sais et que tu ignores, ça n'est rien, sinon les étoiles, sinon la guerre, sinon la paix.
La lutte est toujours secrète, elle est toujours intérieure, elle se nourrit de nos ambivalences, nous sommes le grand monstre assoiffé de sang et de miel.
Qui peut laisser couler l'or sans y tremper un doigt pour en sentir la consistance, qui peut se désintéresser de lui-même au point qu'ensuite il ne porte pas ce même doigt à la bouche?
Alors, ça y est, les larmes coulent.
Elle est là, l'émotion, la tangente, le réveil brutal et incertain.
Mais cela fait partie d'un tout, et toi et moi, nous le savons, nous la connaissons, la longue mélopée déchirante, les accents toniques, les sanglots à contre-temps.
Permets-moi d'écourter un tant soit peu, il y a des refrains qui m'écœurent, qui pèsent sur ma poitrine, comme une masse visqueuse, un monolithe connu et reconnu (qui fait la sourde oreille).
Alors voilà que tu n'as rien à dire, que tu te tais, que tu te laisses ignorer, toi et ta prétention, toi et ton orgueil, ta solitude qui se voudrait plus ajustée, cousue-main, ciselée : une solitude infiniment baroque.
Et tu me regardes, voilà, regarde-moi, avec ces beaux yeux brillants que je t'envie, dans cette glace qui ne me réfléchit pas mais qui m'annule, qui ne m'engage plus à rien sinon à être toi.

Qu'est ce que ça vaut d'être fasciné par son propre reflet ?

L'assurance que je est un autre.

1 commentaire:

Bip bip et coyote corporation a dit…

Normalement tu es sensée voir ton propre reflet dans une glace non?
Ou alors que regardes tu quand tu te regardes?
En meme temps c dur de se reconnaitre devant un miroir quand la plupart de son temps on ne peut pas voir notre visage.
A moins d'etre un ou une vrai nacissique, ce que l'on voit de nous la plupart du temps, c tout le reste sauf notre visage... alors oui ca doit faire bizarre.
Un jour, je me suis demandé ce que devais voir une personne qui se regarde pas mais qui se contemple sans arret dans une glace, se verrait-elle plus humaine et pas si "originale" que ca, si elle se voyait le plus souvent comme on a l'habitude de voir les autres?
dans ce cas, le narcisse deviendrai l'antinomisme de l'egoiste...
les choses peuvent-elles etre si etroitement liées à leur opposé?
se peut-il que le ou les amis à qui l'on voue une confiance totale n'ont en fait pas plus de respect pour vous qu'ils n'en auraient pour eux même au vu de leur decharge d'un certain comportement?
Les choses pourraient etre si simple parfois...