mardi 2 octobre 2007

ch-ch-Changes



Je veux pas que vous me quittiez, j'ai dit, en sanglotant.
J'en ai repoussé un qui s'imaginait m'apaiser avec un geste tendre.
L'autre se tenait à distance respectable, je devais avoir une tronche de bête traquée, elle devait se méfier.

Je suis sortie dans le jardin en contre-bas, l'herbe était humide. Il venait de pleuvoir, et l'air stagnait comme un soulèvement au coeur. Une nausée qui s'étire, s'étire...
Le genre de journée où tu te dis que tu ferais mieux de rester chez toi et quitte à y être, que ce soit tranquille.
Les effusions, ça me gonfle.
Elles apportent une densité à une journée que je rêvais plate, insignifiante, vierge, un coup pour rien : quelques heures tirées à blanc.
Comme si ça suffisait pas que ça m'arrache les tripes qu'ils s'en aillent... Faudrait aussi que je l'exprime!

Voilà.

Me traîner jusqu'au grand marronnier qui trône au milieu du terrain, essayer d'enlever un bout de l'écorce, et ne réussir qu'à m'abîmer un ou deux doigts.

Je me colle à l'arbre de tout mon long, je voudrais sentir le sang battre, le coeur en sourdine.

Tout ce que j'obtiens, c'est un long frisson qui me remonte des reins jusque dans le sommet du crâne.


***

Les maisons sont toujours les mêmes, je veux dire, elles n'ont pas bougé de place, et elles ne vont pas le faire. Ma peur est incongrue, alors : respire, respire.

Par contre, je vais me faire aspirer, moi, c'est sûr.

J'ai 14 ans, je vis depuis toujours dans cette ville.

Je ne sais toujours pas où c'est, chez moi.

***

Un jour, j'écrirais l'histoire d'un vieux peintre et d'une jeune fille qui fait semblant d'être sur le point de mourir.

Je l'appellerai "Le vieux peintre et la jeune fille moribonde"

***

Tu vois, ça fait bien longtemps que je ne lui ai plus parlé.
Je ne sais pas si c'est moi ou lui qui a commencé. Commencé par le silence plutôt que de le garder.
Non, je ne lui en veux pas.
Tu sais, je suis comme ça moi, je ne déteste personne, je n'en ai pas l'énergie.

Bien sûr que ça m'est déjà arrivée.
Mais la haine, je m'y épuise.
Et après, dans le vide, on ne trouve finalement que du vide.
Alors il faut recommencer.
Enfin, c'est ce que l'on s'imagine.
Pour ça, il suffit de substituer un fantasme (fantôme) à un autre.
C'est amusant l'inconstance obsessionnelle.
Le même mouvement, la peine à perpétuité.


Et d'un coup sec, je le dégonfle le vide, tu sais, parce que je suis comme ça, moi, maintenant.

.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Les déménagements, c'est pas toujours rigolo, mais on est bien content d'aménager un nouveau "chez soi". Bonne pendaison de crémaillère !

émi a dit…

Tu peux venir à la pendaison s'tu veux, je te paie un petit rhum arrangé, tu m'en diras des nouvelles :)

Unknown a dit…

Très sympathique ce blog d'hiver.
je marcherais jusqu'à ta porte, la neige cybernetique craquant sous mes pas.
à très bientôt,
ines

émi a dit…

ah minette, je te ferai un grog à toi, parce qu'avec les changements de température, on sait jamais... ;)

Anonyme a dit…

Hein, on a dit Rhum arrangé? Où ça?
;-)

mlys a dit…

Félicitations pour ce nouveau blog ...très joli, très épuré. Espérons que tu vas le remplir autant que l'autre. Bonne continuation.

Kiss from Paris.

mlys a dit…

Tiens ...Tu connais photosnack ? (Guillaume ?)

émi a dit…

Ardiala > je savais que le rhum, ça te ferait venir jusqu'ici, trop faciiile de t'appâter!

Mlys > Mewci chéwie, sinon, "connaître" est bien grand mot.
Disons que je regarde ses photos. Et que je me dis à chaque fois que je ferai mieux de ranger le mien d'appareil sous la poussière et les toiles d'araignées :)

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup ce terme d'"inconstance obsessionelle"...

Emi a dit…

Mlle E > quant à moi, je me sens copine avec toi rien qu'à cause de ton pseudo, c'est mimi, non ?